Spéculation spirituelle et personnelle sur l’évangile de Jean
L’évangile de Jean se distingue des 3 autres évangiles par sa composition, son ordre, son style et ses sources.
Faut-il s’attarder à l’apparence des choses ? Voici le récit du premier miracle : Jésus change l’eau en vin. Bizarre de choisir comme premier signe, non pas quelque chose qui guérit ou illumine ou soulage mais quelque chose d’utilitariste et plutôt superficiel comme faire du vin avec de l’eau pour une fête. Jésus est l’invité parfait ! 😉 Il va vous faire des économies ! Quel est vraiment l’intérêt de ce récit ? Car à première vue, il est plutôt décevant, en plus Jésus à l’air d’ignorer sa mère.
L’indication de temps est à prendre comme mouvement dans un accomplissement symbolique (surtout chez Jean).
1er mouvement : Jésus est baptisé par Jean le Baptiste
2ème mouvement : Jésus constitue sa première équipe de disciples
3ème mouvement : jésus peut commencer son œuvre.
Tel que le récit nous le présente, Jésus avait peut être pensé à une autre entrée en matière : « Que veux-tu , femme, mon heure n’est pas encore venue ! ». Il se heurte à l’impatience de sa mère qui connait ses capacités, sa nature et son pouvoir. Elle vient jouer un peu les trouble-fêtes dans le plan de Jésus. Elle aussi apprend son nouveau rôle, et là on est en face d’une résurgence de l’ancienne Marie, celle qui est encore attachée aux us et coutumes, à la pression culturelle et sociale. Mourir pour renaître ne se fait pas en un claquement de doigt mais demande un cheminement long, rigoureux et persévérant. Jésus, donc, cède à sa mère qui cède à la pression. Sa mère intervient à la manière de Jean le Baptiste : elle prépare le terrain, retient l’attention pour que la Parole soit entendue : « Quoiqu’il dise, faites-le ». Sa mère porte l’appel de la foi. La foi, la confiance (et non la soumission et la crédulité) semblent être des éléments important pour la réussite du signe/miracle. Ce n’est pas « Regarde comme je fais des choses magnifiques », c’est « Permet-moi de faire des choses magnifiques ». Jésus n’est pas un bateleur entourloupeur. Sans la foi/confiance le signe n’occurre pas et grâce à elle, Jésus ne peut refuser de l’exécuter. Il s’exécute donc et répond à l’appel. Et il en profite pour glisser un enseignement : « le bon vin ne vient pas forcément au début », autrement dit dans la vie spirituelle, les meilleurs vins sont à la fin. Son premier signe renverse une habitude, sort des usages, pour avoir une portée symbolique pour que ceux qui comprennent voient et entendent. Souvent Jésus vient perturber le cours des choses, chez nous on dirait que c’est un anarchiste, un empêcheur de tourner en rond, un gars qui remet tout en cause tout le temps, limite blasphémateur surtout contre l’Ordre établi par les Hommes.
D’habitude, on profite du trouble alcoolique pour fournir du vin de moins bonne qualité, mais avec Jésus, il n’y a pas d’abus de position, il n’y a pas de tricherie sur la marchandise, il n’y a pas d’exploitation de la faiblesse. Le pire c’est que le maître de maison, qui n’avait plus de vin, trouve encore à y redire parce qu’on aurait du le donner au début !!! Les Hommes sont vraiment ingrats !
Peut être que Jésus a voulu dénoncer là une vilenie humaine (servir du mauvais vin quand les convives sont gris) ou encore montrer qu’il faut savoir bousculer ses habitudes pour y voir clair, ou bien alors montrer qu’avec lui le bon vin est à la fin.
Avec Jésus, il y a du bon vin tout le temps, pour tout le monde, du début à la fin. Le bon vin s’apprécie, se goûte, se déguste, invite à la découverte, à la concentration, à l’ouverture des sens… Il est comme la Parole. Le bonheur n’est pas l’ivresse de la quantité, l’ivresse des mots mais dans la subtilité de l’Enseignement, la profondeur du message.
La Parole s’apprécie comme le bon vin, celui qui ne sait pas apprécier passe à côté d’une pure merveille.
Avec la Parole comme avec le bon vin, il faut se mettre en situation d’écoute, d’éveil, de réception…